13 nov. 2010

Après « Sauvons willy », « Sauvons la Presse »!!


« Comment ose-t-elle parler ainsi de la presse algérienne ?
Comment ose-t-elle nous critiquer ?
Mais pour qui se prend-elle, à venir nous donner des leçons ? À montrer du doigt nos grosses lacunes ? »
Eh oui !! Voilà quelques réactions (très rares, il faut le dire) de quelques « journalistes » prêts à colporter n’importe quoi, mais qui refusent de tenir compte des attentes de leur lectorat !! Refusant toute critique à leur égard! Aussi constructive soit-elle !! Un concept qu’ils semblent ignorer !
Bienvenue dans le pays des Bisounours !


En Algérie, la « liberté de la presse » ou même « liberté d’expression » ont bon dos. Tout se fait et se dit au nom de ces libertés, mais rien n’est véritablement dit !
C’est un peu comme les écoles privées. Il y a quelques années, nous avions vu pousser ici et là, comme des champignons, des écoles.
Tout enseignant ayant deux sous de côté et 5 ans d’expérience, rêvait à ce moment là de créer sa propre école. Tous partant d’un bon sentiment : « Sauvons l’école algérienne » !
Sauf qu’au bout d’un moment, on est passé d’un « Sauvons l’école » à un «Spolions les parents d’élèves ». Se désunissant des autres enseignants, pensant que l’individualisme l’emporterait pour enfin atterrir dans le business. (Heureusement, il y en a quelques unes qui arrivent à « sauver » les meubles !)
Le fait d’être « Un bon enseignant » fait-il de moi forcément un bon « gestionnaire d’école » ou un bon «Chef d’établissement » ? Je ne crois pas !!
Eh bien sachez qu’il en est de même pour la presse algérienne. Dès qu’un journaliste arrive à se faire un nom, il se lance dans la création d’un journal, sauf qu’il en faut beaucoup plus qu’une plume sans encre…
Il arrive que certains journalistes m’interpellent pour me dire que je ne sais pas de quoi je parle. Que je dois sûrement ignorer la réalité des choses en Algérie. Que c’est la situation du pays qui fait qu’on en soit là aujourd’hui.
A ceux-là j’ai envie de répondre : je n’ignore rien de ce qu’a vécu le journaliste algérien dans les années 90. Mais je sais qu’aujourd’hui, en 2010, on est loin du temps où il n’était pas bon être intellectuel, enseignant et surtout journaliste.
On est loin du temps où, des années durant, les journalistes algériens vivaient dans la peur de voir leur tour arriver ; peur de devoir se taire à jamais, comme bon nombre de leurs collègues assassinés de façon lâche !
On est loin du temps où le journaliste devait vivre caché et se terrer loin de tous et même des siens avant la fin de journée.
Rappelons que pas moins de 97 journalistes et gens de la presse ont été assassinés entre 1993 et 1997.
A cette époque-là, il n’était nullement question de liberté d’expression, juste un besoin de survie aussi bien pour soi-même que pour cette profession.
A partir de 1999, La presse algérienne se voit confrontée à un autre phénomène : Après la pression exercée durant presque une décennie par la gente meurtrière, voilà que la profession se retrouve traquée par le pouvoir en place : des peines d’emprisonnement sont prononcées envers ceux qui refusent d’entrer dans les rangs : « Pressions politiques, harcèlements policiers et judiciaires » se mettent à pleuvoir.
Presque deux décennies durant lesquelles, le journaliste algérien est passé de « Je vais te faire taire » à « tu vas apprendre à te taire » !
En 2006, l’opinion salue le geste du Président de la République, M. Bouteflika, qui décide de lever les peines de quelques 200 journalistes.
Bref, aujourd’hui les choses ne sont toujours pas évidentes pour les gens de cette profession.
Car comme dirait l’autre : « jamais deux sans trois » : après le terrorisme, après le pouvoir en place. C’est au tour des patrons de presse d’entrer en lice.
Les journaux vivent pour la plupart d’entre eux, de publicités. L’espace pub est intégré dans le paysage médiatique aussi bien dans la presse écrite que dans les médias audio et télévisuels.
L’argent vient renflouer les caisses de ces journaux, mais ce n’est pas pour autant qu’ils en profitent pour mieux payer leurs journalistes.
Comment voulez-vous qu’un journaliste puisse produire un bon papier lorsqu’il est sous-payé ?
La plupart des vrais journalistes algériens ont déserté la profession, ou du moins juste la presse algérienne.
Ce qui explique à mon sens toutes les inepties que l’on peut trouver dans la presse venant de personnes se faisant passer pour des journalistes et acceptant des salaires aussi bas.
Ce sont ces gens-là que je vise !!
Depuis quelques temps, le lecteur algérien a vu émerger plus de 80 quotidiens (langues arabe et française), tous en version « papier » et tout récemment , il a pu découvrir la « web press ».
La quasi-totalité de ces journaux compte sur les miettes jetées par l’ANEP pour survivre, à l’exception peut  être  de 3 ou 4 d’entre eux qui ont fait leurs preuves depuis longtemps. D’ailleurs, mise à part la notoriété acquise au fil du temps, on ne peut pas dire aujourd’hui, que ces derniers se démarquent vraiment des autres …
Pour que les choses soient équitables, on devrait obliger le lecteur à acheter tout ce qui se lit !! Certains le font, non pas parce qu’ils les trouvent aussi intéressants les uns que les autres mais plutôt pour avoir la chance d’y dénicher des choses inédites, des « édito » dignes de ce nom, des enquêtes, des révélations !
D’ailleurs, je pense que l’Algérie est le seul pays où l’on voit un lecteur sortir de chez le marchand de journaux avec son pack de quotidiens sous le bras. Ainsi, il a peut-être la chance de tomber sur un article digne de ce nom. Une sorte de loterie ! Sauf que lorsque vous feuilletez ces journaux, vous y trouvez quasiment la même information partout. On ne se contente plus que de traiter les dépêches « AFP » et parfois même en les signant.
Que chacun se démarque et creuse pour trouver son style ! Certains l’ont trouvé jadis et se sont positionnés dès la création de leur journal. Mais s’y tiennent-ils toujours ? Je ne crois pas ! Ouvrez n’importe quel quotidien, et vous verrez que les ¾ de leur contenu est à jeter et n’intéresse point le lecteur. Oui, on est de moins en moins à l’écoute de son lectorat.
C’est pire, on n’y pense même pas !! « Tiens, j’ai une page à remplir, tu peux me faire un papier sur la panne qui a paralysé le trafic ferroviaire 2 heures durant? ». Non mais, de vous à moi : a-t-on besoin de consacrer un papier dans la version web d'un grand journal national dont je tairai le nom, pour 2 heures de panne à la gare d’El Harrach ?? Une simple information qui se transforme en article d’investigation.
Ce qui devait être de l’investigation est devenu ce qu’on appelle communément en algérien, le « tqar3idj » ! 

Oups !! je suis méchante, un peu trop dure, je sais, sinon je ne serais pas là !
Aujourd’hui, à cette presse papier, est venue se greffer (et c’est une très bonne chose) la web presse qui, elle, ne peut compter sur l’ANEP pour se nourrir ni sur ses lecteurs qui existent et qui n’affluent pas pour s’abonner à cette presse. Néanmoins, ils semblent l'apprécier! Non par son contenu mais plutôt par le fait qu’elle soit disponible d’un simple clic.
Le Net nous permet de surfer d’un site à un autre, sans avoir à être un as de la natation. Et c’est pour ça que je revendique cette « e-presse ». Sauf que je la veux propre et nette sans langue de bois. Je la revendique honnête, investigatrice !!
J’aimerai pouvoir mettre dans mes « favoris », un ou deux quotidiens que je trouve intéressants. Walou !! J’ai juste « Algérie Infos » qui me permet de cliquer au hasard sur un journal pour le parcourir d’un rapide coup d’œil.
Les deux types de presse aussi bien « Presse papier » que « Presse web » ont un point en commun, qui est d’inciter leurs journalistes à travailler leurs sujets dits d’investigation sans avoir à détacher les yeux de leur écran ni leur arrière-train de la chaise !
Finies les enquêtes !! L’important c’est d’écrire et de remplir les pages !! Le contenu, on s’en moque.
Aujourd’hui, tous se targuent de ne pas plagier mais d’être plagiés. On voit des communiqués presse annonçant que telle info a été dévoilée par eux et non par un autre.
On lira par exemple sur un site qui vient tout juste d’éclore qu’un autre webzine aurait publié une info parue d’abord chez eux , ( une info qu’ils ont eux-mêmes trouvée ailleurs). En voilà un autre qui se targue d’avoir un patron qui se trouve être l’as du top des « titres ». Oui… c’est aussi le point fort des magazines poubelles en France, du style « Ici Paris », ou « Ici dimanche ». Tout est dans le titre !! C’est ce qui s’appelle du marketing et non du journalisme !!
La plupart se vantent également de n’avoir jamais omis de citer les sources des articles importés…euh… Oui, sauf que moi j’aimerai y trouver leurs propres articles.
Quand on se vante d’être un journal d’investigation, on ne fait pas que dans la dépêche AFP. On enquête !! On propose à ses lecteurs des sujets intéressants, inédits !
Le journalisme d’investigation exige du temps et des recherches approfondies.
Le journalisme d’investigation, nécessite une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou autres.
Le journalisme d’investigation se moque de l’audimat ou de l’exclusivité !!
J’en suis à me demander si il existait une loi, en Algérie sur « la liberté de la presse », une loi qui cadrerait toute publication et qui interdirait le « colportage ».
La liberté de la presse implique une liberté d’opinion. On ne peut parler de « liberté d’expression » si il n’existe pas de « liberté de la Presse ».
Qui dit « liberté d’expression », dit liberté d’exprimer ses « propres » opinions de façon libre sans en être inquiété par autrui, de dire ou taire ce que bon nous semble, sous réserve de pouvoir en répondre devant les tribunaux en cas de diffamation ou calomnie.
Qui dit « Liberté d’expression » et « liberté de presse » dit : ne jamais s’allier avec un quelconque politique; dit rester objectif, sans parti pris, sauf si on se dit Presse de Gauche, de Droite ou de Centre.
J’ai toujours un doute concernant les communiqués de presse de certains, qui nous disent savoir des choses de « sources proches », Euh…. Proches à quel point ?
Car voyez-vous, qu’on le veuille ou non, « la liberté d’expression », « la diffamation » et « La calomnie » semblent étroitement liées.

Si on veut que le vrai journalisme retrouve sa place en Algérie, il faudrait commencer par faire dégager ce journalisme de pacotilles.
Que les patrons de presse investissent dans des formations, des cours de français pour ceux qui s’expriment dans cette langue! (étant donné qu’ils embauchent n’importe qui !)
Lorsque je prends un journal national et que je lis « «Les forces de la répression ont saccagé le campement de «l’indépendance», brûlé des dizaines de « tantes » (…). ». Euh je me pose des questions : Mais c’est des sauvages, pourquoi ils brûlent les tantes ? « Et les oncles ? », on en a fait quoi ? Un journaliste qui ne fait pas de différence entre 
«tente» et «tante»!
A tous ces journalistes, j'ai envie de dire: « Pensez-vous que  ceux qui ont jadis péri pour cette presse puissent apprécier ce qu'elle  est devenue aujourd'hui ?».
Je pense que vous passez plus de temps dans vos rédactions, à essayer de trouver les meilleurs emplacements pour telle ou telle autre annonce publicitaires que vous en oubliez l’essentiel : Votre lecteur !! Sans qui vous n’existeriez point!

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