6 déc. 2010

Quand El watan, "journal de référence", traite avec légèreté des dossiers sensibles .

Notre chère presse a parfois tendance à nous faire part de faits supposés réels mais sans fondement. Chacun y va de son mode "de remplissage de bouteilles", le tout accompagné d'un bon  "Selon une source proche du pouvoir". Apparemment , ils connaissent tous une personne issue des hautes sphères... d'où l’expression algérienne la plus populaire :  "wech, kech ma3rifa ?"
Ceci pour vous dire que nous sommes obligés, nous lecteurs, de prendre pour argent comptant certaines inepties d'une certaine presse!! 
La presse algérienne fait-elle de la manipulation ? Pour certains d'entre eux, je dirai OUI !
La course au scoop fait-elle parfois dire n'importe quoi ?  La réponse est OUI !
Il n'y a qu'à voir  la manière dont ils rapportent les différents câbles mis en ligne par Wikileaks ou par l'un des 5 quotidiens choisis par Assange. 
Il est important de noter que les quotidiens (autres que nationaux ) qui ont eu à traiter des câbles wikileaks se sont pour la plupart, juste contentés de nous les rapporter en nous rappelant la période dont il est question dans ces câbles.   En publiant des articles sur ces fameux câbles, la presse internationale n'a pas hésité à mettre en ligne les documents originaux, afin de permettre à ses lecteurs de vérifier leurs dires.
Ce qui n'est nullement le cas de notre chère presse !!  Non seulement ils nous soumettent leur point de vue, qu'ils appuient  en général  de quelques extraits complètement sortis de leur contexte, mais pire encore, en usant d'une mauvaise traduction.
Là où les autres mettent des jours pour analyser ces câbles, nos journalistes le font en moins d'une heure. 
Chacun y va de sa propre analyse!
Pour appuyer  mes dires, je vous soumets de suite un exemple flagrant de manipulation du lecteur.
Prenant le journal El watan - pour ne pas le nommer - qui a publié sur la version en ligne de son quotidien, un article intitulé : Bouteflika : Si nous étions dans la position de l'Egypte nous aurions appliqué la même politique avec Ghaza -101685_108.php
Encore un article gribouillé par un certain Semmar...
Voilà ce qui y est dit : "L'Algérie appuie l'Egypte dans sa position sur Ghaza", a déclaré sans ambages Abdelaziz Bouteflika au  général William Ward, commandant-en-chef de l'AFRICOM, lors de sa visite à Alger en novembre 2009. Bouteflika va même jusqu'à affirmer, selon un mémo "secret" de l'ambassade US à Alger, à son interlocuteur que "si nous étions dans leur position, nous aurions appliqué la même politique" vis-à-vis de Ghaza  !  

Décidément, le blocus que l'Egypte impose à la population de Ghaza ne choque pas énormément Abdelaziz Bouteflika. Pour preuve, le 25 novembre 2009, lors de ses entretiens secrets avec le général William Ward, commandant-en-chef de l'AFRICOM, le Chef de l'Etat a tout bonnement défendu "la position égyptienne" !
Mieux encore, Abdelaziz Bouteflika n'a même pas hésité à proclamer que  "si nous étions dans leur position, nous aurions appliqué la même politique". L'Algérie aurait-elle donc accepté de collaborer avec Israël pour asphyxier le Hamas ? C'est la question que l'on peut, légitimement , se poser à la lecture du câble diplomatique,  publié sur Wikileaks, de l'ambassade américaine à Alger qui révèle des propos troublants de Bouteflika sur cette question si chère à l'opinion publique Algérienne."
Dans le câble du 06 -12 - 2009 , on n'y parle pas du tout du blocus!!
Voici le passage qui semble avoir attiré l'attention du journal El Watan : 
10. (C) Bouteflika noted that the aftermath of the game had been interesting. Moroccan King Mohamed VI sent Bouteflika a very warm message congratulating Algeria on its victory. Bouteflika said he chose not to publicize the letter, in order not to create problems for Morocco in its relations with Egypt. He said Arab political frustrations were sometimes expressed through soccer. Algeria would continue to support Egypt's reconciliation efforts with the Palestinians. No one expects a change in Netanyahu's approach to negotiations, he said. Thus, now was an opportune time to work on reconciliation and encourage Palestinians to speak with one voice. Algeria also supported Egypt's position on Gaza, which was dictated by Egypt's proximity to Gaza and its domestic political environment. "If we were in their position, we would have applied the same policy." Bouteflika said he would prefer to see Egypt concentrate its energies on these issues "rather than against us."
Traduction : 
"Bouteflika a ajouté que la suite du jeu était  intéressante. Le roi du Maroc Mohamed VI ayant adressé  un message à Bouteflika à travers lequel il  félicitait très chaleureusement l’Algérie pour sa victoire. Bouteflika a dit qu'il avait  choisi de ne pas publier la lettre, afin de ne pas provoquer de malentendus dans les relations entre le Maroc et l'Egypte. Il a dit que les frustrations politiques arabes étaient parfois exprimées  à travers le football. L’Algérie continuera de soutenir les efforts de réconciliation de l'Egypte avec les Palestiniens. Personne ne s'attend, à travers l'approche de Netanyahu, à un changement dans les négociations, a-t-il dit. Ainsi, maintenant le moment était propice pour travailler sur la réconciliation et encourager les Palestiniens à parler d'une seule voix. L'Algérie a également appuyé la position de l'Egypte sur Gaza, qui a été dictée par la proximité de l'Egypte avec Gaza et de son environnement de politique intérieure. "Si nous étions dans leur position, nous aurions appliqué la même politique." Bouteflika a dit qu'il préférerait voir l'Egypte concentrer ses énergies sur ces questions "plutôt que contre nous." fin de traduction.
 A mon sens, ce que le Président Bouteflika voulait dire, c'est que le choix d'une telle politique de la part de l'Egypte était dû à sa proximité avec Gaza. Et que nous ne pouvons les juger pour cela, car nous ne nous trouvons pas à leur place. A aucun moment , il n'a cautionné le blocus sur Gaza !!
Second passage intéressant : 

11. (C) Bouteflika noted that Senator Mitchell had said the 
U.S. was committed to the peace process because it was in the 
U.S. interest. It was important not to confuse U.S. 
interests with Israeli interests -- although the two 
sometimes overlapped -- or Arab interests. Bouteflika 
lamented current settlement activities, which, he said, 
undermined peace negotiations. Before negotiations could 
succeed, settlement activity had to stop first. He added 
that this included Jerusalem. Any solution that did not take 
Jerusalem into account would certainly produce future 
conflict with the Arab and Muslim world. Bouteflika 

commended President Obama for trying his best to start a new 
process for negotiations. But President Abbas' and PM 
Netanyahu's meetings in Washington failed to reinvigorate the 
process. Bouteflika regretted that no serious negotiation 
effort has been produced since Oslo, and current efforts in 
Washington seemed to have no impact.
Traduction : 
« Bouteflika a fait remarquer  que le sénateur Mitchell avait  dit que le processus de paix  dans lequel se sont engagés  les États-Unis était dans leur intérêt. Il est important de ne pas confondre les intérêts américains avec  les intérêts israéliens - même si les deux se rejoignent parfois - ou même avec les intérêts arabes. Bouteflika a déploré les colonies de peuplements actuels, qui, dit-il, compromettent les négociations de paix. Pour que ces négociations réussissent, les activités de colonisation devraient s’arrêter en premier. Il a ajouté que cela concernait  également Jérusalem. Toute solution qui ne tiendrait pas compte de Jérusalem engendrerait certainement des conflits avec le monde arabe et musulman. Bouteflika a félicité le président Obama pour avoir fait de son mieux pour commencer un nouveau processus de négociations. Mais les réunions, à Washington, entre M. Abbas et le Premier ministre Netanyahu  n'ont  pas pu relancer le processus. Bouteflika a regretté qu'aucun effort de négociation sérieuse n'ait été produit depuis Oslo, et les efforts actuels à Washington ne semblent avoir aucun impact. » Fin de traduction.
Je trouve qu'il est préférable de lire  cet extrait de câble qui  exprime la position de Bouteflika quant au conflit Israelo-Palestinien que de lire les élucubrations de Semmar sur El watan!
Les questions que je me pose en tant que lectrice  :


Comment un quotidien national comme El watan,  qui a pour ambition de devenir un journal de référence, peut-il  traiter avec autant de légèreté un sujet aussi grave et sensible que le blocus criminel de Ghaza ?  Un blocus imposé par le gouvernement israélien avec la complicité honteuse de plusieurs dirigeants arabes. 
On peut  reprocher à Bouteflika beaucoup  de choses, notamment la gestion de la politique intérieure du pays, mais à la lecture de plusieurs câbles  il ressort clairement que la position algérienne sur les dossiers de colonisations  - Palestine et Sahara Occidental - ne souffrent d'aucune ambiguïté. 
Comment voulez-vous qu'on prenne notre chère presse au sérieux  ? N'existe-t-il  donc pas de journalistes politiques en Algérie ? 




1 commentaire:

  1. C'est la PUA(Presse Urinoir d'Alger),ce n'est que ça !!!Une presse complice d'un régime criminel,c'est à dire l'Etat-DRS!

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