28 déc. 2010

Y a-t-il un chroniqueur ou critique cinéma dans ce festival ?

Le festival du cinéma arabe prend fin et on reste sur notre... faim. Non par la bonne ou mauvaise qualité des films qui y sont présentés, ni par la médiocrité de son organisation, sans oublier un président de jury exécrable. Rien de tout cela, mais plutôt par les quelques journalistes qui s'y trouvent et qui ne comprennent du cinéma que le générique de fin...
Nous avons bien compris que le Ministère de la Culture essayait d'y mettre du sien pour faire revivre le cinéma en Algérie. Bon,  ce n'est pas tout à fait ça mais, c'est quand même un bon début. Il ne faut pas oublier qu'on revient de très loin. Ces dernières années, les algériens n'avaient plus besoin d'investir les salles de cinéma pour y voir un  film d'action ou d'horreur... cela faisait partie de leur quotidien. Bref, ne remuons pas le couteau dans la plaie.
Reconnaissons quand même que depuis 2005, plus de 160 festivals ont été organisés un peu partout en Algérie. Rien que pour cela, j'ai envie de dire BRAVO à Mme la Ministre de la Culture. Non mais c'est vrai, il faut savoir le reconnaître. Ça bouge vraiment  côté Culture ! Il faut savoir s'en réjouir bien évidemment, mais cela ne veut pas dire qu'il faut s'en contenter.
Les moyens y sont mis, pas de doute. Il n'y a qu'à voir ce que le Festival Panaf Africain a coûté en 2009. Mais alors qu'est-ce qui manque ? Qu'est-ce qui pourrait faire avancer les choses ? Vous ne voyez pas ? et pourtant c'est le minimum requis... Il ne reste plus qu'à aller réveiller le mélomane ou  le cinéphile qui sommeille en chaque algérien. Il ne suffit pas de dire :" Vous avez pleuré eh bien dansez maintenant."  Il faut savoir donner envie à l'algérien de voir les choses positivement, lui qui n'est habitué qu'à la médiocrité.
C'est vraiment extraordinaire de pouvoir organiser des festivals de cinéma, mais encore faut-il que les cinéphiles algériens puissent voir ces films autrement que sur un dvd pirate.
Quel intérêt ai-je à me réjouir de toute cette organisation si je n'ai pas la possibilité d'y apporter mon propre jugement ?
Me concernant, j'aurai peut-être procédé différemment : je ré-ouvre les salles de cinéma, ensuite j'organise des festivals... mais bon, à ce qu'on dit, cela ne saurait tarder. In challah!!
Pour faire revenir les cinéphiles dans les salles obscures, il faudrait peut être commencer par leur vendre le produit, savoir les attirer, leur donner envie d'aller voir tel ou tel autre film. Pour ce faire, nous avons besoin de bons chroniqueurs cinéma, vous ne croyez pas ?  Ce sont eux qui nous donnent un aperçu du film qu'ils ont eu le privilège de visionner.  Et si on les invite à un festival de cinéma, ce n'est nullement pour passer de bons moments et nous raconter les soirées de galas organisées après les projections des films en compétition. Bien au contraire, ils sont là pour nous faire une lecture rapide de ces films.
De deux choses l'une, soit ils nous donnent leur avis personnel, soit ils font une petite analyse de ce film.
En général, c'est leur avis personnel qui fera qu'on irait le voir ou pas (si toutefois on en a la possibilité)...
La question que je me pose est :  Qui sont ces journalistes qui se disent chroniqueurs cinéma ?
Prenons pour exemple cet article d'une chroniqueuse du journal "L'Expression" : Amour et paix, 23 déc 2010.
Dans son papier, la journaliste nous parle du film Syrien d'un jeune cinéaste, Joud Saïd, projeté le 21 décembre au festival d'Oran et dont c'est le premier long métrage.
L'article est un enchaînement de commentaires à travers lesquels la journaliste essaie de faire émerger le côté poétique de cette oeuvre cinématographique avant de plomber le tout en nous faisant un long résumé du film!!
En gros,  elle nous raconte le film dans les moindres détails !!  Elle ne laisse pas de place à l'intrigue.
Une chose est sûre, je ne risque pas de lui proposer d'aller au cinéma, voir un film qu'elle aurait déjà vu... elle aurait tendance à me raconter les actions suivantes ainsi que la fin du film. Tout ce qu'il y a de désagréable pour un cinéphile.
Attention, elle n'est pas la seule à agir de la sorte. C'est également le cas du journaliste d'El watan et non des moindres : un journaliste politique et non chroniqueur de cinéma. Ce même journaliste qui a osé faire un papier sur le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, sans même l'avoir vu (à ce moment là).
A travers son article intitulé Histoire d'un passé composé, où il est également question du film de Joud Said, le journaliste se veut plutôt poète. Tout comme sa consoeur du quotidien "L'Expression", il nous relate le film en s'appuyant sur de faits historiques liés à cette période, comme si il avait voulu faire un rapprochement entre ce qui s'est réellement passé à cette époque-ci et la fiction de Joud Saïd.
Fayçal se veut poétique dans son article en nous sortant des phrases du style :"Il y a une forte volonté de faire du cinéma, presque à l’ancienne, mais avec un regard neuf".... euh... mais encore ? c'est beau mais cela veut dire quoi ? c'est quoi le cinéma à l'ancienne ? ou alors plus loin, il dira :"la densité de son scénario l’a amené à négliger certains aspects esthétiques, mais pas au point de rendre le film sans âme." ah oui, très intéressant, très poétique... J'aurai juste une question pour lui, sait-il "ce qu'est l'esthétisme au cinéma ?". ..j'en doute...
Ceci étant dit, ces deux seules phrases auraient suffi pour faire l'analyse du film.
Nos journalistes savent-ils au moins ce qu'est un synopsis ? Pourquoi ont-ils besoin d'aller dans le détail? Ou alors  nous raconter leur vie quand il s'agit juste d'éveiller une certaine curiosité à aller voir ce film ou même ne pas y aller.
Concernant la fiction de Joud Saïd qui, rappellons-le,  n'a rien obtenu au Festival d'Oran. Ce qui était joué d'avance puisque le Président de Jury , Rachid Boudjedra pour ne pas le nommer, aurait quitté la salle de projection  au bout de quelques minutes de visionnage... Peut-on se faire une idée d'un film en quelques minutes ? Voilà une question  à lui poser. J'en profite pour ouvrir une parenthèse :L'Algérie serait-elle en manque de cinéastes pour nommer un écrivain comme président de jury ? That's the question...
Ce que j'aurai aimé lire au sujet de ce film ce serait juste : "Marra oukhra (Once again),  est une histoire d'amour. Majd est le fils d'un officier de haut rang dans l'armée syrienne qui était en poste au Liban pendant la guerre civile. Aujourd’hui, il travaille comme expert en informatique pour une banque libanaise à Damas. Joyce est libanaise, et a récemment été nommée directrice de la succursale. Les deux personnages  portent un double fardeau du passé - la mort des parents pendant la guerre et le poids du présent, pas moins douloureux.
À bien des égards, Majd et Joyce représentent une génération qui va écrire un nouveau chapitre dans l'histoire des relations entre le Liban et la Syrie, l'amour est peut-être le seul motif pour  permettre le deuil des morts, et une justice réparatrice. 
Lorsque la guerre israélienne au Liban a éclaté à l'été 2006, la Syrie a été le refuge le plus proche pour ceux qui y couraient pour la sécurité, et les gens y ont été accueillis à bras ouverts. Le destin, l'histoire, la démographie et  la culture du Liban et de la Syrie sont si intimement liés, les conflits entre les deux ont le tempérament d'un conflit fratricide - toujours politique, jamais civil."
 
Il n'est nullement important de rentrer dans les détails pour donner envie aux cinéphiles d'aller voir ou non ce film.
Pour le plaisir, j'ai même récupéré le lien de la bande annonce du film Marra Oukhra
Devenir chroniqueur cinéma  ne demande aucune formation particulière,  il suffit juste d'avoir un goût prononcé pour l'écriture et pour voir des films. Un critique de cinéma est là pour juger mais aussi pour servir de guide au spectateur.  
Alors, chers journalistes, c'est bien de critiquer tout ce qui se fait mais encore faut-il que vous fassiez votre métier dans les règles.

Chittapresse

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